2025 29 janvier au 19 avril Marie de Villepin Le jardin retrouvé
Du mercredi 29 janvier au samedi 19 avril 2005

Vernissage le mardi 28 janvier dès 18H00

Chaque jour, un mot d’ordre, une résolution pour conjurer le mal.

Chaque jour, au réveil, le même malaise : la tête couverte de cendres, l’œil obstrué d’images, le cœur plein de rage.

Partout des larmes, des flaques de boue, des nappes de sang, envahissant tout. J’ai marché dans la ville, traversé la forêt, escaladé les monts et sillonné de nombreux déserts, enjambant les fleuves et les océans. Les membres lourds, hésitants, proliférants.

Tout déborde et tout se mêle, le corps cloué au sol de trop de poids et rêvant en secret d’allègement : plus de cheveux, plus de dents, plus de chair.

Seulement, le désir de s’effacer. J’ai envié la plume, l’oiseau, la feuille emportée par le vent. Je l’ai regardée voleter autour de moi, légère, insouciante. Et j’ai rêvé d’un jardin très ancien, que le temps aurait presque aboli. Et j’ai rêvé d’un long pinceau pour reprendre vie sur la toile, et qui, tel un outil magique, effacerait le trop plein, pour redonner souffle aux paroles et voir à nouveau, ce que je ne distinguais plus au milieu des formes à peine esquissées, des couleurs effritées, des fragments éparpillés. Avec acharnement : creuser encore et déterrer les images anciennes.

La répétition devient respiration. D’un même geste recommencé surgit la création. Et derrière les apparences, un autre visage, un autre jardin va surgir, peut-être... avec des formes inconnues, des teintes jamais vues, des sensations ignorées, toute une palette à défricher et des sons qui se découvrent, un à un, comme des pétales de rose.

Alors, emportée par un désir nouveau, peindre sur les murs troués, déchiffrer les signes, fouiller les décombres pour cicatriser les mémoires, raviver le souvenir de ceux qui furent jadis : une silhouette qui s’efface avant que je puisse l’attraper, un lézard courant entre les pierres, une fleur sauvage qui résiste. Le pinceau caresse, explore, révèle.

Au milieu des vestiges, il y a encore des rires comme gravés dans la pierre au fronton d’un présent qui vacille.

Alors, peindre sur l’eau, peindre sur le vent, tenter de retenir cette nature qui se craquèle, de redresser l’homme qui se tient courbé, de restaurer l’origine d’avant les déluges, d’avant le meurtre de Caïn, d’avant la trahison de Babel.

Et signer de son nom, sceller chaque rêve et chaque souffle, même si les lettres se brouillent.

Au milieu des ruines, entre les portiques de pierre, un jardin se tient debout, à moitié effacé, prêt à renaître.

Marie de Villepin

Biographie
Espace Muraille

Née en 1986 à Washington, D.C., Marie de Villepin a grandi aux États-Unis et en Inde. Élevée dans un foyer diplomatique, Marie a eu la chance de s'entourer d'un cercle éminent de poètes, de musiciens, de cinéastes et d'artistes, dont Zao Wou-Ki ou Roberto Matta, qui étaient également des amis de la famille. L'art a été une constante dans son éducation et elle a commencé à développer ses talents de dessinatrice et de musicienne dès son plus jeune âge, au fil de ses fréquents voyages.

En 2005, Marie s'installe à New York puis à Los Angeles, où elle développe divers projets musicaux, avant de se consacrer entièrement à l'art. Le dessin et la peinture émergent et deviennent omniprésents. Marie remplit des dizaines de carnets qui lui permettent de fixer des moments et des émotions comme une chronique de sa vie. Cherchant à approfondir les liens entre les couleurs, les sons et les rythmes, elle franchit un pas décisif en transcrivant son monde intérieur sur la toile. Elle peint ce qu'elle voit, ce qu'elle vit, peut-être pour conjurer l'exil, la solitude et les doutes, par une accumulation de coups de pinceau. Peu à peu, son monde entier a commencé à prendre forme, avec des paysages, des créatures imaginaires, des machines de toutes sortes et des rêves éveillés. Ses œuvres traversent l'espace et le temps, oscillant entre figuration et abstraction.

Marie a participé à plusieurs expositions collectives à New York, Los Angeles, Pékin et Hong Kong. En 2019, elle présente sa première exposition personnelle intitulée New Creatures, qui marque son retour à Paris. En mars 2022, elle présente à la Galerie Charraudeau The Lost Weekend, une collection d'œuvres créées aux États-Unis et en France. Marie a ensuite été sélectionnée comme l'un des douze artistes à recevoir le Prix Antoine Marin. Ce prix est décerné par l'Espace Julio Gonzalez à Paris, où chaque jeune artiste est nommé par un artiste de renom, Marie a été nommée par Anselm Kiefer.

En 2023, pour sa première grande exposition personnelle en Asie, Marie de Villepin présente « Murmuration », une ode au ballet enchanteur des oiseaux qui se rassemblent dans le ciel. Entre peintures et dessins, un parcours sensoriel dévoilé à la Villepin Art Gallery de Hong Kong. Cette exposition est suivie d'une exposition personnelle, « Behind the Sun », au Today Art Museum de Pékin. En 2024, ses œuvres ont été exposées à la Collection Lambert à Avignon, au Zhi Museum à Chengdu en Chine et à la galerie Mariane Ibrahim à Mexico.

« Les peintures de Marie de Villepin incarnent un art de la liberté. Elle se laisse guider par le désir de nouveauté, de s'approprier l'existant pour s'aventurer vers l'ailleurs, de se défaire des conventions, de crier, de surenchérir. L'accomplissement de la forme avance, parfois seulement quand les couleurs ont réparti tout ce qui pouvait être conquis, d'autres fois bien avant quand, entrecoupées de blancs, lignes et couleurs atteignent un fragile équilibre de forces... » - Daniel Arlaud


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