Né en 1946 à Chigazaki, juste après la fin de la guerre, Masamichi Yoshikawa est un artiste atypique qui n'a rien fait comme les autres. Alors que traditionnellement la céramique s'apprend auprès d'un maître, lui commence par étudier le design à l'Institut de Design du Japon. C'est là qu'il découvre la céramique. En 1968, alors que le Japon connaît des révoltes étudiantes encore plus violentes qu'en France et que Gutaï (1955-1972), le mouvement d’avant-garde japonais fait son apparition, Masamichi Yoshikawa part s'installer dans la province d’Aichi à Tokoname. La ville abrite l’un des six fours historiques du Japon et fait partie, avec Bizen, Echizen, Seto, Shigaraki et Tamba, des 6 anciens sites de production principaux de céramiques de l’archipel. C'est dans ce lieu historique de la culture japonaise, connu pour son argile, que Masamichi Yoshikawa se consacre à la production d’œuvres en porcelaine, couvertes d’une glaçure céladon bleu pâle (seihakuji), presque une hérésie ! S’il commence par revisiter des formes originellement utilitaires, comme l'a fait l'avant-garde Sōdeisha, il s'en libère pour finalement réaliser des œuvres architecturales et des installations dans l'espace, une contribution majeure à la céramique contemporaine. Si certains temples et sanctuaires l’inspirent, tout comme le musée Miho près de Kyoto dessiné par Pei, ses créations ne sont pas des maquettes d’architectures. Parfois couvertes de dessins nerveux au bleu de cobalt, elles sont le fruit d’une démarche spirituelle qui s’exprime à travers un langage poétique fait de volumes, de pleins, de creux, de matières. Une quête de sens, comme une série de prières contemporaines dans un monde en crise.
Le travail de Masamichi Yoshikawa a pris un nouveau tournant en 2016 avec une commande spéciale du temple Yakushi-Ji, faite à une dizaine des artistes les plus importants du Japon. C'est à cette occasion que, pour la première fois, le céramiste a intégré des éléments en verre, symbolisant l’air, tandis que le céladon et ses coulures parfaitement maîtrisées évoquent l’eau.
Ses œuvres se trouvent, entre autres, dans les collections du Metropolitan Museum of Art, du Museum of Art and Design, du American Craft Museum et du Brooklyn Museum à New York ; du Victoria & Albert Museum à Londres ; du Musée de Sèvres à Paris ; du Incheon World Ceramics Center en Corée du Sud ; ou encore au musée de l’Ariana à Genève.
Nicolas Christol
Images du vernissage: © Joachim Sommer
Images de l'exposition: © Luca Fascini
Sola Tobu Izumi (Printemps volant dans le ciel)
本来焼き物は技術、科学が必要なのだが、 私は祈りだと思っている。
A l’origine de la création céramique, on trouve la technologie, la science. Mais pour moi, l’essentiel, c’est la prière.
歴史を紐解けば、音楽だったり文学、哲学だったり、 人はその生をいかに楽しむかを求めてきた、
L’histoire nous le montre: l’homme a toujours cherché le chemin du plaisir de la vie par la musique, la philosophie.
限りなくあふれ出る泉の如く透明な世界にその生を見出したい。
J’aimerais retrouver cette vie dans un monde transparent comme une source jaillissante à l’infini.
全ての道、その究極は同じ広場に行きつく
Tous les chemins, notre ultime désir d’atteindre à l’excellence, nous mènent à un même but.